Panorama 4La tornade Marie-Antoinette

Pour l’intérêt de la France

Où l’on apprend que Marie-Antoinette passe après la diplomatie.

La reine Marie-Antoinette n’est pas patiente. Quand elle désire quelque chose, elle le veut tout de suite ! La manufacture de Sèvres le sait bien. Lorsqu’en 1784, elle reçoit la commande d’un service en porcelaine de plus de 200 pièces, elle se met donc très vite à l’ouvrage. Pourtant, un imprévu va contrarier la souveraine…

Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun, Marie-Antoinette, reine de France,

1783, huile sur toile, 116 x 85 cm, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Alors que le service est prêt à être livré, le roi de Suède Gustave III effectue un séjour imprévu à la cour de France. Louis XVI se doit de lui offrir un cadeau à la hauteur de son rang. Sacrifiée sur l’autel de la diplomatie, Marie-Antoinette voit donc son service en porcelaine à décoration riche en couleur et riche en or lui filer sous le nez !


Heureusement, elle n’attend pas longtemps, car la manufacture se remet aussitôt à l’ouvrage. Redoublant d’efforts, les artisans livrent un nouveau service deux mois plus tard. Finement peinte à l’émail rehaussé d’or selon le décor initialement demandé par Marie-Antoinette, la vaisselle est très proche de celle de Gustave III.

Manufacture de Sèvres et Edmé-François le Père Bouillat, Pot à jus,

1784, porcelaine, 7 x 7 cm, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Les porcelaines du roi de Suède et de la souveraine de France posent ainsi un problème inédit. Au gré des ventes, ces services à décoration riche en couleur et riche en or ont été dispersés. Parfois, un élément ressurgit, comme ce très beau pot à jus, don de la société Lusis par l'intermédiaire des Amis de Versailles. Et dans ce cas, difficile de dire s’il provient de la première ou de la deuxième commande…


Cette très belle pièce comporte cependant la marque du peintre Bouillat. Or, d’après les archives, l’artiste a signé le décor de douze pots à jus au moment de la première commande. Marie-Antoinette n’est plus là pour en profiter, mais une partie de la porcelaine qui lui était destinée a finalement réintégré sa demeure !