Panorama 1Château grandiose pour roi Soleil

Jusqu’au bout des ongles

Où l’on voit des géants de pierre faire peau neuve.

Chapelle royale,

Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Château de Versailles / Thomas Garnier

Chapelle de Versailles, 2018. Des opérations chirurgicales d’une grande précision sont en cours : des greffes de doigts ! Et ces interventions sont d’autant plus délicates que les patients traités sont très âgés…


Ils ont plus de 300 ans ! En plus, il s’agit de géants de 3 mètres de haut. Qui sont ces individus hors normes ? Les statues qui ornent la chapelle royale de Versailles : saint Paul, saint Pierre, saint Augustin, La Foi… Perchée tout le long du toit, cette trentaine de sculptures veille sur la chapelle depuis sa construction.

Philippe Magnier, Saint Augustin,

1705, pierre de Tonnerre, h. 260 cm, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Thomas Garnier

Or, cette mission, ils l’ont menée au péril de leur santé ! Exposés aux quatre vents, ils bravent le froid et les intempéries depuis 1710. Bien sûr, ils ont connu quelques dépoussiérages ou rafistolages au fil des siècles. Pour autant, des symptômes de fatigue commençaient à s’accumuler. Alors en 2018, tout le monde était d’accord pour le dire : il était temps d’agir ! Pas seulement pour soigner les statues, d’ailleurs. Un grand chantier de 3 ans est décidé pour restaurer tout ce qui subit les aléas de la météo : toiture, vitraux, pierres de couverture et décors sculptés.


Mais revenons à nos géants. Le premier bilan de santé, dressé par des restaurateurs spécialisés, est assez rassurant. Si quelques colosses ont perdu des doigts sous la morsure du froid, la majorité de ces saints sont encore fringants. Il faut dire que les artistes choisis pour cette dernière grande réalisation du règne de Louis XIV ont sélectionné un matériau ultra résistant : la pierre de Tonnerre !

La statue avant la restauration (à gauche),
après la restauration (à droite)

Corneille van Clève, Saint Jean,

1705, pierre de Tonnerre, h. 283 cm, Chapelle royale, Musée national de Versailles et de Trianon, Versailles

© Château de Versailles © Christophe Fouin

Et malgré le goût de l’époque pour les formes complexes – nous sommes alors en plein baroque français – les sculpteurs ont pris garde à ne pas créer de cuvettes. Eh oui, si l’eau s’était mise à stagner, elle aurait fait exploser la pierre en gelant ! Cette précaution laisse les intempéries s’écouler naturellement le long de la roche, sans causer trop de mal. Enfin… un petit décrassage et la suppression de la mousse n’étaient pas de refus !


Grâce notamment à la générosité des Amis de Versailles qui, en adoptant 7 de ces géants de pierre, ont financé le travail méticuleux de chirurgiens restaurateurs, les voici prêts à assurer, 3 siècles de plus, la protection spirituelle de la chapelle royale !