Panorama 4

"Copieuse ?"

Où l'on découvre que Camille Claudel n'a besoin de personne pour être géniale.

Années 1890. Camille Claudel a quitté l’atelier du célèbre Rodin. Pourtant, les critiques n’ont pas l’air d’avoir compris… Ils ne cessent de la comparer à celui qui a été son professeur et employeur. On l’accuse même de lui voler des idées !


Claudel est très irritée, et ne compte pas se laisser faire. Mais comment montrer qu’elle ne doit plus rien au maître ?

César, Portrait de Camille Claudel,

vers 1884, épreuve sur papier albuminé, 15 x 10 cm, Musée Rodin, Paris

 © Musée Rodin

Son inspiration ? Elle va la trouver dans la vie de tous les jours. Loin des personnages tourmentés de Rodin, elle se met à sculpter des situations du quotidien. D’ailleurs pour sa statue Les Causeuses, le sujet lui serait venu dans un train, en observant une conversation animée entre quatre femmes pendant un trajet.

Camille Claudel, Les Causeuses,

1897, marbre-onyx et bronze, 45 x 42 x 39 cm, Musée Rodin, Paris

© Agence photographique du musée Rodin, Jérome Manoukian

Ces petites dames semblent absorbées par des confidences particulièrement croustillantes. Claudel a cependant fait une entorse à la réalité : elle les représente nues, pour rendre la scène intemporelle.


Ce n’est pas tout ! La sculptrice prend le contrepied de Rodin sur tous les aspects. Finies les grandes sculptures en bronze. Son œuvre est miniature et, selon les versions, elle utilise du marbre, du bronze ou encore de l’onyx.

Camille Claudel, Les Causeuses,

1897, marbre-onyx et bronze, 45 x 42 x 39 cm, Musée Rodin, Paris

© Agence photographique du musée Rodin, Jérome Manoukian

En fait, ces "petites choses", comme elle les appelle, ne viennent pas de nulle part. Claudel s’inspire des okimono, de minuscules statuettes japonaises qui montrent la société nippone. Entre références au Japon et vie quotidienne européenne, Claudel construit une œuvre totalement originale.

Okimono,

© Victoria and Albert Museum, Londres

Les critiques sont séduits. L’un d’eux écrit même que ces œuvres "appartiennent en propre à Camille Claudel : personne avant elle n’avait fait cela, personne ne l’a refait après elle". L'objectif est atteint : on ne la compare plus à Rodin !