Panorama 1
"Pierre par Pierre"
Où l’on découvre que rien n’est gravé dans le marbre, même pour les sculpteurs.Pour Auguste Rodin, tout commence en 1854, à Paris. Il a 14 ans mais, ne vous fiez pas à l’âge ! Ce garçon d’origine modeste sait très bien ce qu’il veut. Il a convaincu son père de le laisser faire une école d’art.
C’est là qu’il découvre la sculpture et s’imagine bien en faire son métier ! Bien sûr, il n’y a pas tellement de suspens dans cette histoire : nous savons qu’il deviendra l’un des plus grands sculpteurs de son temps. Mais… cela ne va pas se faire sans mal !
Pourquoi ? Eh bien d’abord parce que l’école qu’il intègre forme des artisans et des décorateurs. Parfait pour devenir créateur de réverbères ou de décors de bâtiments, un peu moins lorsque l’objectif est de devenir artiste.
Si bien que notre jeune Rodin se présente au concours d’entrée aux Beaux-Arts, où l’on enseigne la sculpture classique. Il tente sa chance… et échoue. Obstiné, il repasse le concours… mais échoue, de nouveau. Et la 3e fois… n’est pas non plus la bonne.
Trois échecs, ça suffit. Rodin se résigne. vraiment ? Il se détourne de son rêve ? Non, heureusement : devenir sculpteur est toujours son objectif numéro un. Mais il se résigne à arrêter sa formation artistique. Tant pis, son école d’arts décoratifs lui a donné de bonnes bases techniques, pour le reste, il se fera tout seul.
C’est comme ça qu’à 25 ans, il termine une œuvre dont il est plutôt content. Suffisamment pour l’exposer. Pas de chance, l’hiver est très froid cette année-là… la statue gèle et se fend ! Elle est refusée par le jury de l’exposition.
Heureusement, Rodin est un "dur à cuire". Ne rien lâcher, c’est sa philosophie. Cette sculpture, il la présente à nouveau 10 ans plus tard, après l’avoir retravaillée. Et l’œuvre est acceptée ! Bon, elle n’est absolument pas remarquée… Mais cette première exposition est suivie de beaucoup d’autres et bientôt, tout le monde parle de lui. Son style, très moderne, divise les critiques et les acheteurs. Finalement, Rodin a eu de la chance d’échouer aux Beaux-arts : son art n’aurait sans doute jamais été si novateur s’il avait suivi cette formation très classique !