Panorama 1Se mettre au vert

Qui part à la chasse… gagne sa place !

Où l'on peaufine son sens de l’observation.

1730. Le peintre Jean-Baptiste Oudry achève un immense tableau commandé par le roi : Louis XV chassant le cerf dans la forêt de Saint-Germain. Tout le monde y semble bien affairé dans une partie de chasse à courre. Enfin, presque tout le monde : un homme en bas de la toile nous observe, au lieu d’être dans le feu de l’action…

Si vous avez de bons yeux, vous avez remarqué qu’il tient un crayon et une feuille. Il s’agit, en fait, du peintre lui-même ! Et cette représentation d’Oudry n’est pas si loin de la réalité : l’artiste a accompagné le roi lors d’une chasse à courre, afin de pouvoir peindre une scène plus vraie que nature.


On assiste à "l’hallali" : c’est le moment de la chasse où l’animal est sur le point de se rendre, ou déjà pris. Ici, la proie est un cerf, assailli par des chiens déchaînés. Et pas n’importe quels chiens ! Le peintre a encore une fois le sens du détail, puisqu’il va jusqu’à faire figurer sur leur dos la marque de la meute royale (une croix dans un triangle).

Jean-Baptiste Oudry, Louis XV chassant le cerf dans la forêt de Saint-Germain (détails),

1730, huile sur toile, 210 x 388 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

Ces animaux ont toute l’affection du roi, qui commandera d’ailleurs une vaste série de portraits de ses chiens à Oudry. Lui qui a reçu une formation auprès de Nicolas de Largillierre, une pointure dans l’art des portraits, fait un pas de côté par rapport à son maître en choisissant ces sujets à quatre pattes.


Il devient ainsi l’un des plus grands peintres animaliers de l’époque et il croule sous les commandes de Louis XV, mais aussi de princes étrangers. Avec un tel statut, on comprend que l’artiste ait pu se permettre ce clin d’œil, en signant son œuvre de son visage !

Jean-Baptiste Oudry, Misse et Luttine,

1729, huile sur toile, 97,8 x 131,5 cm, National Gallery of Art, Washington D.C., États-Unis