Panorama 3Voir rouge

Nouveau look pour une nouvelle Pietà

Où l’on rencontre une sculpture qui dévoile son vrai visage.

2011, Toulouse. La sculpture de la Pietà des Récollets revient de Paris, où elle a été prêtée pour une exposition au Grand Palais. Juste à temps pour participer à une autre rétrospective, au musée des Augustins cette fois-ci. Quelle vie de star !

Anonyme, Vierge de Pitié avec saint Jean et sainte Marie Madeleine,

vers 1510, calcaire polychrome, 92 x 129 x 26 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

Il faut dire qu’elle connaît une seconde jeunesse. Elle n’a pas toujours eu ce teint frais… Jusqu’à récemment, elle était même recouverte d'une épaisse couche grise ! En cause : des siècles de repeints et de salissures, qui se sont accumulés depuis sa création en 1510.

Anonyme, Vierge de Pitié avec saint Jean et sainte Marie Madeleine (avant restauration),

vers 1510, calcaire polychrome, 92 x 129 x 26 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : © Daniel Martin

C’est pourquoi le musée demande à deux restauratrices de s’occuper de cette sculpture qui fait grise mine. Leur travail de fourmi permet petit à petit de révéler la polychromie d’origine, c’est-à-dire ses multiples couleurs peintes sur le bloc de pierre calcaire. Le doré des chevelures, le bleu azur, le vert profond et le rouge chatoyant des tenues sont un plaisir pour les yeux… et redonnent tout son sens à l’œuvre !

Anonyme, Vierge de Pitié avec saint Jean et sainte Marie Madeleine (détails pris en cours de restauration),

vers 1510, calcaire polychrome, 92 x 129 x 26 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

En effet, des éléments pourtant essentiels sont uniquement peints et non sculptés. C’est le cas des plaies rouges sur le corps du Christ, et des larmes qui coulent sur les visages des trois autres personnages. Sans ces détails qui n’en sont pas, impossible de saisir complètement le caractère dramatique et douloureux de la scène : le Christ vient d’être descendu de la croix, la Vierge et les deux saints à ses côtés le pleurent à chaudes larmes.

Anonyme, Vierge de Pitié avec saint Jean et sainte Marie Madeleine (détails),

vers 1510, calcaire polychrome, 92 x 129 x 26 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’avant / après travail de restauration est bluffant. Notre Pietà méritait bien qu’on lui déroule le tapis rouge à Paris !