Panorama 4La ville rose

Le secret d’un teint de rose

Où l’on apprend qu’il faut parfois vraiment souffrir pour être belle.

Georges Castex, Le petit cloître des Augustins à Toulouse,

1897, huile sur toile, 100 x 131 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

1998. Une sculpture exposée dans les salles du musée des Augustins n’attire plus beaucoup les regards des visiteurs. Mais qui pourrait leur reprocher de ne pas percevoir qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre de l’art médiéval ?

Nostre Dame de Grasse avant la restauration,

Musée des Augustins, Toulouse. Photo : © realFusio

Car il faut dire que cette Vierge à l’Enfant, dénommée Nostre Dame de Grasse, n’a plus la fraîcheur de sa jeunesse. Datant de la fin du Moyen Âge, cette sculpture a perdu depuis longtemps ses couleurs d'antan. Il est temps de faire quelque chose !

Reconstitution 3D de la polychromie originale et d’un des repeints d’après les analyses et des dessins des restauratrices

Visuel : © Toulouse, Musée des Augustins, Reconstitution 3D par Real Fusio

Une restauration précédée d’une enquête archéologique est donc lancée. Restaurateurs, conservateurs, scientifiques, tout le monde travaille main dans la main pour venir à la rescousse de la pauvre Vierge.


Comme un oignon qu’on épluche, on lui retire les couches qui dissimulent sa beauté. Et au fur et à mesure, on se rend compte que Nostre Dame de Grasse n’en est pas à sa première opération…

Reconstitution 3D de deux repeints suivants, d’après les analyses et des dessins des restauratrices

Visuel : © Toulouse, Musée des Augustins, Reconstitution 3D par Real Fusio

Depuis sa création, la sculpture a en effet bien changé. Durant des siècles, on rend un culte à cette représentation de la Vierge.


Mais comme ses couleurs se ternissent au fil du temps, on ravive son éclat avec de nouvelles couches de peinture au goût du jour. De quoi finir méconnaissable !

Nostre Dame de Grasse (restaurée),

entre 1451 et 1500, statue d'applique, taille directe, calcaire, 75 x 112 x 38 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photos : © Daniel Martin

Heureusement, grâce aux talents des spécialistes, la splendeur de Nostre Dame de Grasse refait doucement surface…


Un laborieux démaquillage au scalpel bien utile, car le naturel lui va très bien ! Dans ses couleurs d’origine, la Vierge à l’Enfant retrouve enfin l’émouvante finesse de ses traits.