Panorama 3Voir rouge

Le clou du spectacle

Où l’on rencontre un peintre qui a le sens du détail.

1832, Meknès. Le peintre Delacroix accompagne une délégation diplomatique envoyée au Maroc.


La raison de sa présence ? Rapporter un témoignage illustré de ce pays encore mal connu des Français. Une opportunité unique que l’artiste s’est empressé de saisir.

Eugène Delacroix, Autoportrait au gilet vert,

1837, huile sur toile, 65 x 54,5 cm, Musée du Louvre, Paris

Pour lui, cette expédition est surtout l’occasion de découvrir enfin cet Orient dont il a tant rêvé.


Il n’est pas déçu du voyage. Loin de tout ce qu’il avait pu imaginer, c’est un choc esthétique. Delacroix observe, note et dessine le moindre détail, totalement subjugué.

Eugène Delacroix, Cortège d'un mariage maure au Maroc,

1832, aquarelle et gouache sur graphite, Collection Prat. Photo : Jean-Pierre Dalbéra, CC BY 2.0

Lors de la grande négociation avec le sultan, dont on veut obtenir l’appui pour la conquête de l’Algérie, il ne lâche pas son carnet.


En quelques traits, l’artiste esquisse la scène. Il repère alors un parasol au-dessus du souverain à cheval. Un bien curieux accessoire qui présente l’avantage d’être visuellement marquant.

Eugène Delacroix, Le sultan du Maroc Moulay Abd-er-Rahman recevant le Comte de Mornay, ambassadeur de France,

entre 1832 et 1845, huile sur toile, 31 cm x 40 cm, Musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon

Cette esquisse, Delacroix ne la reprend dans une toile achevée qu’en 1845, soit 13 ans plus tard…


Avec les années, l’artiste a quelque peu modifié sa composition. À présent, on ne voit plus la délégation française. L’attention se concentre sur le sultan et... son parasol !

Eugène Delacroix, Moulay Abd-er-Rahman, sultan du Maroc, sortant de son palais de Meknès, entouré de sa garde et de ses principaux officiers,

1845, huile sur toile, 377 x 340 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Bernard Delorme

Eh oui, cet accessoire, qui était à peine perceptible sur la première composition, a maintenant une place centrale dans le tableau. Il se détache nettement sur le bleu du ciel et culmine au-dessus de la mêlée, dépassant allègrement en hauteur les armes des soldats.


Avec Delacroix, cet objet est devenu le symbole visuel du pouvoir du sultan : comme son parasol, il domine tout !