Panorama 2Broyer du noir

Il court, il court, le fureteur

Où l'on rencontre un peintre charmé par l’effet papillon.

1667, près d’Amsterdam. Le peintre Otto Marseus van Schrieck se promène dans les sous-bois proches de chez lui. Plus qu’une simple promenade de santé, il est en fait à l’affût de reptiles et d’insectes. Un passe-temps étonnant, mais qui n’a rien d’inhabituel pour notre artiste : il passe tant de temps à fouiller les environs que ses amis le surnomment le "fureteur" !

Otto Marseus van Schrieck, Serpents, crapauds et papillons,

entre 1639 et 1678, huile sur toile, 61 x 49 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

Il rapporte ensuite ces petits animaux dans son vivarium, afin de pouvoir les observer et surtout les peindre. Alors qu’il a commencé sa carrière d’artiste en réalisant des natures mortes plus classiques, comme des bouquets de fleurs, il se spécialise rapidement dans la représentation des sous-bois hollandais. Il invente ainsi un nouveau sous-genre de la nature morte : le sottobosco, ou "peinture de sous-bois".

Otto Marseus van Schrieck, Nature morte au chardon,

1662, huile sur toile, 125 x 101 cm, Herbert F. Johnson Museum of Art, Ithaca, États-Unis

Son objectif ? Réaliser des tableaux plus vrais que nature. Pour cela, il n’hésite pas à redoubler d’inventivité : Van Schrieck trempe de vraies ailes de papillons dans la peinture, puis les utilise comme des pochoirs. Au passage, celles-ci laissent quelques écailles sur la toile, ce qui renforce encore le réalisme saisissant de ces petites bêtes. On comprend mieux pourquoi il a besoin d’un vivarium chez lui !

Otto Marseus van Schrieck, Vase de fleurs et papillons (détail),

1669, huile sur toile, 60 x 50 cm, Galleria Palatina, Florence

Et au-delà des apparences, le peintre en profite pour délivrer des messages plus philosophiques. Dans son tableau Serpents, crapauds et papillons, un serpent s’apprête à bondir sur un crapaud, alors que celui-ci est occupé à dévorer un papillon. En exposant la chaîne alimentaire sous nos yeux, Van Schrieck nous rappelle la cruauté de la nature et de la vie… Une vie qui est aussi éphémère qu’un battement d’ailes de papillon !

Otto Marseus van Schrieck, Serpents, crapauds et papillons (détail),

entre 1639 et 1678, huile sur toile, 61 x 49 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin