Panorama 2Broyer du noir

Dégât des eaux en vue !

Où l’on rencontre des personnages bien insouciants.

Que représente ce tableau champêtre du 17e siècle ? Une scène de fête ? Tout le monde semble bien s’amuser, en tout cas. Pourtant, ces gens devraient se méfier, car avec le peintre Cornelisz, il faut souvent regarder le fond des œuvres pour en comprendre le sens. Et dans le cas de celui-ci, ce qui s’y trouve n’annonce rien de bon…

Cornelis Cornelisz van Haarlem, L'Humanité avant le Déluge,

1615, huile sur bois, 112 x 155 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

Dans un autre tableau, Cornelisz montre ainsi le baptême du Christ en petit, à l’arrière-plan, alors qu’il s’agit du sujet principal de l’œuvre. Ici, il faut être plus attentif encore pour saisir la signification de cette peinture du musée des Augustins. L’élément qui explique tout se situe au fin fond du paysage. C’est un bateau en bois : l’Arche de Noé.

Si Noé l’a construite, c’est parce que Dieu lui a dit qu’il allait bientôt faire tomber la pluie, et pendant un bon bout de temps ! C’est le passage du Déluge, dans la Bible. L’Humanité va être submergée par les eaux et seul Noé, sa femme, ses fils et les femmes de ses fils y survivront. Pour cela, ils prendront place dans l’Arche en compagnie de tous les animaux de la Création.

Simon de Myle, L'arche de Noé sur le Mont Ararat,

1570, huile sur bois, 114 x 142 cm, Collection particulière

Mais pourquoi Dieu a-t-il décidé de noyer femmes et hommes ? C’est parce qu’il ne peut plus les supporter. À ses yeux, ils ne pensent qu’à passer du bon temps, comme sur ce tableau. Le peintre en profite d’ailleurs probablement pour passer un message à ses contemporains hollandais. "Méfiez-vous des excès", semble-t-il leur dire.

Cornelis Cornelisz van Haarlem, L'Humanité avant le Déluge (détail),

1615, huile sur bois, 112 x 155 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Daniel Martin

On a même l’impression que Cornelisz leur montre l’avenir au second plan : les personnages représentés là sont sans couleur, comme si la vie les avait quittés. Pas encore morts, mais déjà fantômes !

Cornelis Cornelisz van Haarlem, Le Baptême du Christ,

1588, huile sur bois, 170 x 206 cm, Musée du Louvre, Paris