Panorama 4La ville rose

Une Toulousaine bien perchée

Où l’on apprend à être économe.

Réplique de Dame Tholose installée depuis 2005 place Dupuy à Toulouse, Photo : © Musée des Augustins, Patrice Nin

Les Toulousains la connaissent tous. Peut-être ne s’interrogent-ils même pas sur son identité. Et pourtant, qui est cette figure féminine qui surplombe la place Dupuy ? Avec ses ailes et ses couronnes de laurier, elle a tout l’air d’une Victoire romaine, ces sculptures qui célébraient les succès militaires. Mais son histoire n’est pas si simple : cette belle effigie a endossé plusieurs personnalités…

En réalité, les ailes ne font leur apparition qu’au 19e siècle, alors que la sculpture date de 1550. Ce bronze de la Renaissance – une prouesse technique pour l’époque ! – ornait initialement le sommet d’une tour de l’Hôtel de Ville.

Réalisée par le sculpteur Jean Rancy, elle a alors une tout autre signification. Dénommée Dame Tholose, cette statue incarnait la ville de Toulouse elle-même ! C’est ce qu’on appelle une allégorie. Cependant, au fil du temps, cette figure perd peu à peu de sa superbe… et son pied droit ! Tant et si bien qu’en 1827, on la descend de son glorieux piédestal.

Heureusement, sa disgrâce n’est que de courte durée. Comment ? Grâce au sens de l’économie de la municipalité… En effet, lorsque l’édification d’un monument en l’honneur d’un général d’Empire est décidée, on se dit qu’il serait bien bête de fondre une nouvelle statue quand on en a une sous la main !

On lui flanque donc une paire d’ailes, on la dote de quelques couronnes de laurier, le pied est remplacé et le tour est joué. Voilà comment Dame Tholose se transforme en Victoire ailée. Elle reste dans cet état jusqu’en 2005. Depuis lors, elle a cédé sa place à une copie place Dupuy. Et pour sa retraite dans les salles du musée des Augustins, Dame Tholose a eu le droit de reprendre sa personnalité, sans aucun accessoire superflu !

Jean Rancy, Dame Tholose, 1550, bronze et cuivre, 187 x 63 x 50 cm, Musée des Augustins, Toulouse. Photo : Bernard Delorme