Panorama 1Château grandiose pour roi Soleil

L'antique, c'est chic !

Où l'on refait une beauté à Néron et Jules César.

La cour de Marbre,

1624-1630, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Vinicius Pinheiro

C'est à donner le tournis ! Depuis 2015, un étrange ballet se trame dans la Cour de Marbre du château de Versailles. Les sculptures qui l'ornent déménagent et changent de place... Que se passe-t-il ?


Difficile de les manquer : 84 bustes nous fixent dès notre arrivée au château. Ils ont les visages d'empereurs et de dames de la Rome antique. C'est Louis XIV lui-même qui les a fait installer là. Mais pourquoi a-t-il choisi Néron ou Jules César pour le décor de son château ?

Bustes d’empereurs romains,

1682, marbre, cour de Marbre, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

© Elfix

Certes, le roi appréciait beaucoup l'art antique, mais ce choix n'est pas entièrement dû à son goût d'esthète... C'est un vrai programme politique. Le monarque cherche à relier son image aux grandes figures romaines, car il s'estime aussi important qu'elles. Et pour le prouver, il décide de rassembler à Versailles les bustes antiques de ces illustres dirigeants romains.


Le roi les achète en Italie. Il n'en trouve pas assez pour son décor ? Ce n'est pas grave ! Il fait réaliser des copies par ses sculpteurs. Toutes ces œuvres sont installées sur des consoles dans la Cour de Marbre. Louis XIV affirme ainsi ses ambitions et sa gloire dès le début de la visite du château.

Mais le temps a abîmé ces sculptures et des restaurations anciennes leur ont fait quitter leur emplacement. Ceci explique cette étonnante valse des bustes qui s’observe ces derniers temps. Ils sont en fait restaurés et repositionnés selon le seul inventaire connu, réalisé en 1722, quelques années après la mort de Louis XIV !


Les Amis de Versailles participent activement à cette campagne de restauration : ils ont déjà "adopté" 29 bustes. Grâce à ce mécénat, il a aussi été possible de faire des tirages en résine de chaque sculpture. Ces copies remplacent parfois un original trop fragile, ou dorment en réserve pour venir à la rescousse si, par malheur, l’original subissait un dommage définitif.