Panorama 3

On creuse encore !

Où l’on fait la sieste à 10 mètres sous terre.

1902, Paola. Des ouvriers sont en plein chantier : ils creusent le sol pour faire passer des canalisations. Tout à coup, ils tombent sur une étonnante cavité. De quoi s’agit-il ?





Saint des Saints de l'Hypogée Ħal Saflieni de Paola (Malte)

Hélas pas question de s’arrêter pour essayer de répondre à la question... Si le travail est interrompu, ils risquent de se retrouver sans emploi ! Effrayés, les ouvriers préfèrent cacher leur découverte.




Il faut donc attendre deux ans avant que la trouvaille ne soit révélée et fasse l’objet de fouilles. Et les archéologues ne sont pas au bout de leurs surprises : ce n’est pas une cavité qu’ils ont sous les pieds mais un ensemble de salles, de galeries et de tunnels décorés et creusés à même la roche sur trois niveaux. En tout, cet espace se déploie jusqu’à 10 mètres de profondeur !

Premier plan réalisé par Manwel Magri lors du déblaiement de l'hypogée,

1902-1907

Les responsables ? Les humains de la Préhistoire qui n’avaient cependant que peu d’outils pour réaliser cette tâche. Cela ne les a pas empêchés d’accomplir des exploits : ainsi les bruits émis dans la salle dite "de l’Oracle" résonnent dans l’ensemble des caves ! Au début des travaux, vers 4000 avant notre ère, cet endroit leur servait de sanctuaire. Il a ensuite été transformé en hypogée, c’est-à-dire en lieu de sépulture. Les archéologues ont ainsi mis au jour 7000 squelettes.

Salle principale de l'hypogée de Ħal Saflieni de Paola (Malte)

Ce n’est pas tout : à leurs côtés, on a aussi déniché des perles de verre et des sculptures. Parmi ces offrandes aux morts, se trouvait une minuscule dame en argile, modelée à la main, qui semble dormir pour l’éternité... Serait-ce une déesse ? Le mystère demeure.

Femme endormie,

3 000 av. J.-C., terre cuite, 122 x 68 mm, Musée National d'Archéologie, La Valette (Malte)

Ce qui est certain, c’est que cet hypogée de Ħal Saflieni est un ensemble unique au monde, aujourd’hui classé au patrimoine de l’UNESCO. Il est d’ailleurs ouvert aux visites mais attention, la réservation est obligatoire ! Seule une poignée de curieux y ont accès chaque jour, pour préserver le site.